Bordeaux et l’énergie photovoltaïque : des incertitudes planent sur la solarisation de la base sous-marine suite à la faillite d’EverWatt

La ville de Bordeaux mise gros sur l’énergie solaire, notamment à travers un projet spectaculaire de solarisation du toit de la base sous-marine, un vestige historique chargé de symboles. Mais le rêve d’une énergie renouvelable locale et durable se heurte désormais à des turbulences imprévues : la société EverWatt, qui devait porter ce chantier titanesque, est en liquidation judiciaire. Entre ambitions écologiques et réalités financières, la capitale girondine doit impérativement naviguer dans ces eaux troubles si elle veut maintenir son cap vers une autonomie énergétique accrue.

EverWatt et la solarisation de la base sous-marine : un pari majeur bouleversé

Bordeaux avait placé d’importants espoirs dans le groupe parisien EverWatt pour faire briller ses toits grâce à l’énergie photovoltaïque. Chargée de déployer 6 500 panneaux solaires couvrant environ 13 000 m² de la base sous-marine, la société était au cœur d’un projet aussi innovant que symbolique. Imaginez : la transformation d’une structure imposante, construite en pleine Seconde Guerre mondiale, en véritable centrale électrique solaire ! Avec un investissement qui avoisinait les 5,7 millions d’euros cofinancés par la Ville, la Région Nouvelle-Aquitaine et le fonds européen Feder, le projet incarnait une avancée notable pour la transition énergétique locale.

Cependant, le Tribunal des activités économiques de Paris a prononcé l’ouverture d’une liquidation judiciaire à l’encontre d’EverWatt en juillet 2025. La société, en cessation de paiements depuis le 31 mars, est désormais sous la coupe d’un liquidateur judiciaire. Un véritable coup de massue pour Bordeaux Métropole Énergie, qui avait placé sa confiance dans ce spécialiste du solaire en circuit court. La maison mère d’une filiale importante, BoucL Énergie, pilotait directement les travaux. Cette faillite met en lumière une réalité criante : même les acteurs les plus prometteurs dans le secteur des énergies renouvelables ne sont pas à l’abri des turbulences économiques.

On pourrait croire que l’apport financier de 34 millions d’euros réalisé par EverWatt en 2023 auprès de Conquest, un gestionnaire de fonds dédié aux infrastructures vertes, aurait dû assurer sa pérennité. Pourtant, cela n’a pas suffi. Une leçon claire : la transition énergétique ne se résume pas à des investissements massifs, elle exige aussi une organisation robuste et une capacité d’adaptation en continu.

La municipalité a tenté d’insuffler une dynamique forte, avec par exemple l’installation symbolique du premier panneau photovoltaïque réalisée par Pierre Hurmic début juillet 2025, juste avant que la société ne dépose le bilan. Cette scène illustre parfaitement le paradoxe du secteur : un projet enthousiasmant porté par un idéal écologique battu en brèche par des réalités financières parfois implacables.

découvrez les incertitudes entourant le projet de solarisation de la base sous-marine de bordeaux après la faillite d’everwatt, un revers significatif pour le développement de l’énergie photovoltaïque dans la ville.

Les enjeux techniques et financiers de la « Centrale Bordeaux Base Sous-Marine »

Un tel chantier implique une succession d’enjeux complexes qui mêlent patrimoine historique, technique photovoltaïque et vision économique. Les 25 000 m² de toiture de la base sous-marine offraient un potentiel solaire incroyable, avec une installation de panneaux prévue pour couvrir plus de la moitié de cette surface. Ce projet ambitieux visait à fournir une centrale solaire capable d’alimenter en auto-consommation les clients situés dans un rayon de un kilomètre autour du site.

Cette idée de circuit court énergétique n’est pas simplement un gadget tendance, mais bien une stratégie réfléchie pour renforcer la résilience énergétique de Bordeaux et réduire drastiquement l’empreinte carbone. L’objectif fixé de placer 60 000 m² de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments municipaux d’ici 2026, pour atteindre 41 % d’autonomie énergétique, fait ainsi de la base sous-marine un morceau capital du puzzle.

Toutefois, la faillite d’EverWatt et ses ramifications, avec notamment l’impact sur BoucL Énergie qui coordonnait les travaux, bouleversent ce calendrier. Bordeaux Métropole Énergie doit aujourd’hui composer avec cette déconvenue. Un défi colossal se profile, car il ne s’agit plus seulement de réaliser un ouvrage technique, mais de redéfinir à l’aune du marché la manière de maintenir la solarisation du patrimoine public. L’expérience pousse à clarifier les attentes et les garanties lors des prochains appels d’offres, comme ceux cités dans plusieurs projets régionaux concurrents ou complémentaires en France autour du solaire, tels que plus d’informations sur la dernier appel d’offres photovoltaïque de septembre.

En parallèle, l’implication d’acteurs majeurs comme EDF Renouvelables, TotalEnergies, Solaire Direct, ou encore Akou Energy, qui développent eux aussi des centrales à l’échelle nationale, ne fait que renforcer la nécessité d’un cadre clair, stable et attractif économiquement.

Cette faillite incite aussi la Ville à envisager la collaboration avec des partenaires spécialisés tels que GreenYellow ou Valorem, dont l’expertise opérationnelle est confirmée. La modernisation du parc photovoltaïque bordelais devra sans aucun doute intégrer ces professionnels pour garantir la réussite des prochains jalons.

Les difficultés structurelles du secteur photovoltaïque français exposées par le cas EverWatt

Au-delà des finances d’EverWatt, ce coup dur éclaire une difficulté plus générale pour la filière photovoltaïque française. L’adjoint au maire en charge de la sobriété des équipements municipaux, Laurent Guillemin, ne mâche pas ses mots : la liquidation de BoucL Énergie est emblématique des « problèmes grandissants que rencontre toute la filière des énergies renouvelables en France ». Le gouvernement, par ses dernières décisions, a envoyé un mauvais signal aux investisseurs, générant un effet de découragement visible.

C’est un paradoxe qui dérange : alors même que le pays a placé ses ambitions très haut, notamment dans des stratégies comparables à ce qu’on voit chez nos voisins européens, la stabilité réglementaire fait défaut. Le résultat, c’est un frein à l’arrivée de capitaux privés indispensables. Il faut rappeler que la Chine, leader incontesté dans la production et le contrôle du photovoltaïque, déploie des moyens sans commune mesure, comme détaillé dans cet article sur la production chinoise de panneaux où la stratégie industrielle publique soutient vigoureusement l’innovation et la production.

La France a pourtant des atouts : une industrie de pointe dans les cellules solaires dernière génération et des start-ups capables de repousser les limites du rendement. Mais la fragilité financière que subit EverWatt est une sonnette d’alarme sur la nécessité de mieux accompagner les entreprises dans la phase critique de développement, notamment à travers des dispositifs d’investissement mieux ciblés et des formations expertes sur le terrain, à l’image des initiatives dans le Grand Est.

Sans une révision profonde de ce modèle économique et réglementaire, les abandons de projets à fort impact, comme celui du toit bordelais, risquent de se multiplier. Il faudra donc surveiller la manière dont les autorités, collectivités et investisseurs privés s’organisent pour ne pas donner un coup d’arrêt à la dynamique solaire, pourtant si prometteuse pour la neutralité carbone.

découvrez comment la faillite d'everwatt soulève des incertitudes sur le projet de solarisation de la base sous-marine de bordeaux, remettant en question l’avenir de l’énergie photovoltaïque dans la métropole.

Quels scénarios pour la poursuite du projet solaire à Bordeaux ? Perspectives et enjeux

Avec BoucL Énergie hors-jeu, la Ville a rapidement confié à Bordeaux Métropole Aménagement (BMA) la lourde tâche de sauver les meubles. Le maintien du calendrier reste une priorité affichée, même si une mise en service en mai 2026 semble désormais optimiste. Il s’agit désormais de rassembler les acteurs, redéfinir les stratégies et sécuriser de nouveaux partenariats pour éviter un délai trop long.

Les prochaines étapes ne pourront pas faire l’impasse sur un dialogue renforcé avec Enedis, indispensable pour intégrer ce volume de production locale au réseau. La centralisation intelligente de ce type d’installations est un défi technique mais aussi politique, porté par des ambitions de résilience face aux enjeux climatiques. Ce projet, devenu emblématique pour la mandature de Pierre Hurmic, est aussi un enjeu électoral : réussir cette solarisation conférera à la municipalité un avantage non négligeable en prouvant l’efficacité concrète de ses engagements écologiques.

Le territoire bordelais n’est pas isolé dans ces efforts : d’autres collectivités s’illustrent et inspirent, comme la transformation du parking du collège Jean Monnet en ombrières photovoltaïques, un projet innovant à suivre sur économie solaire. Ces initiatives alimentent la dynamique collective et renforcent la cohérence d’un territoire connecté grâce aux énergies vertes.

Le défi est aussi d’ordre technique et logistique. Par exemple, l’optimisation des systèmes photovoltaïques déjà installés dans des zones rurales comme le parc du Morvan montre que le bon calibrage des équipements et la maintenance jouent un rôle majeur dans la pérennité des installations. Bordeaux devra ainsi porter une attention particulière à ces aspects pour ne pas se retrouver piégée par les mêmes écueils.

Face à ces défis, la mobilisation d’experts qualifiés dans le secteur, mais aussi une volonté d’innovation sont capitales : Comment imaginer réussir la transition énergétique sans intégrer l’ensemble des technologies disponibles, des tuiles photovoltaïques discrètes aux panneaux traditionnels innovants ? La réponse viendra aussi de la capacité à faire de chaque chantier une réussite collective, avec tous les acteurs au diapason.

Mobilisation locale et innovation pour un avenir solaire durable à Bordeaux

Si la faillite d’EverWatt laisse indéniablement planer un voile d’incertitude, elle catalyse également une remise en question salutaire. Bordeaux ne peut se permettre de freiner dans sa course vers la solarisation complète de ses bâtiments publics. La dynamique « ville solaire » imaginée par Pierre Hurmic demeure un objectif vibrant, porté par la volonté d’inscrire l’agglomération dans une trajectoire énergétique exemplaire.

Pour y parvenir, l’engagement des acteurs locaux est plus que jamais nécessaire. Des structures comme Bordeaux Métropole Énergie doivent jouer un rôle central dans l’animation, la coordination et la facilitation des projets solaires. La ville pourrait aussi s’inspirer d’autres réussites françaises, où les associations citoyennes et les PME du solaire proposent des modèles alternatifs d’autoconsommation collective, un concept au cœur du succès de la Centrale Bordeaux Base Sous-Marine.

Cette période de turbulence est aussi une occasion pour réaffirmer l’importance de la formation et de l’expertise professionnelle. L’essor des formations dédiées à l’énergie photovoltaïque dans la région Grand Est est un exemple à suivre afin de créer une vraie filière de compétences capable de répondre aux enjeux locaux, avec des techniciens et ingénieurs prêts à déployer et entretenir ces centrales de demain.

Par ailleurs, la collaboration entre acteurs privés et publics ne doit pas être négligée. EDF Renouvelables, TotalEnergies ou Valorem affichent une expertise précieuse et des moyens considérables pour mener à bien de tels projets d’envergure. Le défi sera de construire des partenariats gagnant-gagnant, respectueux des équilibres financiers aussi bien que des ambitions écologiques.

Enfin, la sensibilisation de la population joue un rôle clé. Les projets comme le parc photovoltaïque Château Vallière, largement débattu avec les riverains, rappellent combien il est essentiel de construire la transition en concertation avec tous, car la réussite énergétique est aussi une aventure collective. Un pari à la hauteur de l’histoire même de Bordeaux, entre héritage patrimonial et innovation durable.

Laisser un commentaire

Economie Solaire
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.